Le château de Wallingford, comté du Berkshire
William releva son visage vers la lumière pour apprécier la chaleur du soleil et la douceur du vent qui l’effleurait. Dieu que l’air frais lui avait manqué! Le jeune comte de Pembroke avait toujours aimé la nature et l’aventure plutôt que les ragots et les intrigues de la Cour. D’ailleurs, durant une bonne partie de sa jeunesse, il avait réussi à ne pas trop s’approcher de ce monde qui lui semblait si hostile. À la place, il profitait gaiement du domaine de son père et l’accompagnait avec enthousiasme sur les champs de bataille.
Car William était bien plus un soldat qu’il n’était un courtisan. Cependant, sa famille étant des fidèles alliés des York et son père rêvant d’élever sa famille toujours plus haut dans la hiérarchie, il avait réussi à faire marier son fils avec la sœur de la reine Elizabeth. Ce mariage propulsa le jeune Will à la Cour du roi et… Au beau milieu de toutes ces intrigues qu’il peinait à saisir. Cependant, peu à peu, il s’habituait à sa nouvelle vie et tentait de s’y faire une place. Même si celle-ci était tout de même assez grande pour son titre, puisqu’il était tout de même le tuteur d’un des plus grands espoirs du clan des Lancasters, soit le fils de Margaret Beaufort.
Quoi qu’il en soit, lorsque la bonne amie du comte de Pembroke, Elizabeth of York, lui proposa d’aller avec elle sur son domaine, William ne put refuser cette offre généreuse de s’éloigner de cette ambiance qu’il jugeait malsaine pour lui. C’est donc vers cette direction qu’il se dirigeait avec enthousiame. William avait certes une diligeance dans laquelle il aurait pu profiter du voyage confortablement assis, mais il avait préféré durant une partie de la route voyager à dos de son cheval, chose qu’il n’avait pu faire depuis un trop long moment.
Lorsqu’ils arrivèrent finalement au domaine d’Elizabeth, William descendit de son cheval avec entrain et se dirigea vers la diligeance, faisant un signe de la main à un valet qui voulait aller ouvrir la porte. Le comte de Pembroke l’ouvrit pas lui-même pour y retrouver Elizabeth comme il l’avait laissé lorsqu’il avait décidé de poursuivre le voyage à cheval, c’est-à-dire endormie. William effleura le bras de son amie :
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«Nous sommes arrivés, très chère.», dit simplement William, d’une voix douce, espérant que cela suffise à réveiller Elizabeth.