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L

e château de Toulouse, siège d'une des familles les plus anciennes et les plus puissantes du royaume de France. C'est derrière les lourds murs de pierres de la forteresse que Gabriel naquit, un jour de mars 1443. Il n'était pas le premier enfant du couple, mais le second. Cependant, premier fils, il faisait la joie de ses parents et plus particulièrement de son père : Henri de Toulouse qui ne rêvait que d'avoir un héritier digne de porter son nom et son blason. Le comte était connu pour ses coups de sangs, pour être un chef militaire sanglant et cruel.C'était un personnage sombre, tourmenté dont même sa jeune épouse ne pouvait souffrir la présence... Certaines rumeurs prétendaient que les quatre enfants qu'elle lui avait donné était ceux d'un autre que son époux, mais ils étaient bel et bien légitimes, fruit des visites rares du comte à sa femme. Le jeune Gabriel, faute d'avoir une mère très présente auprès de lui avait une nourrice qu'il chérissait bien plus que toute autre personne dans cette grande, imposante, et parfois terrifiante demeure. Elle portait le doux nom de Françoise, et elle avait perdu peu avant sa naissance son propre enfant, tant et si bien qu'elle reportait tout son amour sur le nourrisson de ses seigneurs, et même si leur sang n'était pas le même, ils avaient tout deux la même affection qu'une mère pour son fils et qu'un fils pour sa mère.
Gabriel grandissait, il acquérait peu à peu paroles et la marche sous le regard absent de ses deux parents biologiques. Son père prenait très à cœur, malgré tout, de ne pas trop le laisser auprès des femmes, pensant que cela développerait chez lui un esprit faible et qui l’empêcherait de devenir un véritable soldat. Mais dès qu'il le pouvait il retournait auprès de celle qui l'avait fait grandir. Remarquant un changement chez sa nourrice, et avec l'esprit naïf et innocent d'un enfant de trois ans, il ne cessait de lui poser des questions sur son ventre qui s'arrondissait de jour en jour. Il regardait d'un œil inquiet et curieux ce qu'il semblait se dissimuler derrières les jupes de Françoise jusqu'au jour ou naquit une petite fille prénommée Alice. Elle était la véritable enfant de sa nourrice, et si au début il sentait une pointe de jalousie dans son cœur, peu à peu il apprit à aimer également cet enfant. Les années passèrent et peu à peu une véritable amitié s’instaura entre la fille de rien et le fils de seigneur. Dès qu’ils le pouvaient, ils jouaient ensemble, se battaient comme deux véritable chiffonniers, se lançant des défis pour tester la force de chacun. Gabriel la considérait comme l’une de ses soeurs, même plus proche que cela. Le garçon se plaisait à lui conter les batailles auxquelles son père avait participé et même dirigé, écopant des cicatrices qui lui valait le surnom de “balafré”. Les deux enfants c’étaient même trouvé un lieu secret où ils pouvaient échapper chacun à leurs diverses responsabilités, Gabriel récoltait bien souvent le prix de ses absences incessantes auprès de ses précepteurs, étant corrigé à cause de cela. Et pourtant cela ne l’empêchait guère de retrouver Alice qui chantait des chansons tandis qu’il lui apprenait des rudiments de lecture et lui récitait des poèmes. Il appréciait ces moments avec la fille de sa nourrice, et même si il craignait son père dans ses réactions, il trouvait toujours le courage en puisant dans l’envie qu’il avait de la retrouver. Avec l’adolescence, l’affection qu’il lui portait se muait doucement en un amour naissant. Les regards qu’ils pouvaient échanger étaient sans équivoque, et Gabriel admirait la douce beauté qui commençait à émaner d’Alice, il voyait en elle la compagne idéale avec laquelle il pouvait partager ses émotions, mais aussi le sentiment d’appartenir totalement à son géniteur. Le futur comte de Toulouse voulait s’émanciper de cette emprise qui l’écrasait de plus en plus. Son père rêvait d’en faire un soldat, lui rêvait de politique, bien qu’il soit habile au maniement des armes.

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