William ne savait si c’était la pluie continuelle qui tombait sur Londres ou l’atmosphère de constants ragots dans la Cour, mais son humeur s’était considérablement assombrie ces derniers jours. Il faut dire que le fait qu’il avait désormais la garde du fils de Margaret Stafford n’aidait pas… Le problème n’était pas le garçon, qui était plutôt amical en fait, mais le fait des confrontations et de l’atmosphère mauvaise qui s’installait à chaque fois qu’il était dans la même pièce que la mère du petit Tudor.
Le comte de Pembroke avait ainsi décidé qu’il allait passer la nuit à ruminer ses pensées accompagner d’un peu de vin. Il aurait peut-être pu aller en parler avec sa nouvelle épouse, mais comme il l’avait quasiment totalement ignoré depuis le début de leur mariage, il n’avait pas la force d’aller s’expliquer.
Sa nuit avait donc été uniquement accompagnée d’alcool et de ses sombres pensées. Il avait d’ailleurs beaucoup pensé à la jeune Mary. Au départ, il l’avait ignoré par simple malaise. C’est qu’il la trouvait beaucoup trop jeune pour se marier et il ne voulait pas la forcer à quoi que ce soit. Il n’était simplement pas à l’aise dans la situation et le manque de communication qui s’ensuivit provoqua cette étrange et déprimante situation qu’était leur mariage. Par la suite, en cotoyant un peu plus la Cour, il avait vite compris que les mariages en bas âge était chose courante et que Mary ne devait même pas comprendre quelle était la raison de l’attitude distante de William.
Seulement, le comte de Pembroke n’était certainement pas un homme qui aimait s’exprimer et il avait laissé la situation se détériorer… Ce qui avait certainement été une mauvaise décision, s’était-il dit, durant la nuit. Mais bon… Il ne savait pas comment renverser la situation maintenant et il se disait que bien des mariages n’avaient aucun amour. Il allait donc survivre et vivre avec.
C’est avec une grande surprise que William vit l’aube arrivée et éclairer sa chambre. Le jeune homme se leva alors et alla regarder par la fenêtre les jardins étonnamment illuminé d’un chaud soleil. Enfin! Les nuages avaient cédé leur place au soleil! Sans même y penser, William prit son par-dessus et quitta la pièce pour aller se promener dans les jardins.
Il marchait là depuis un moment, lorsqu’il aperçu une chevelure rousse au loin. Cette couleur en plus de la petite stature de la personne ne pouvait signifier qu’une chose; c’était Mary. William hésita alors entre rebrousser chemin et retourner s’enfermer dans sa chambre ou aller à la rencontre de la jeune femme. Se souvenant de ses pensées durant la nuit, le comte de Pembroke prit une grande respiration et traversa la distance qui les séparait.
- « Je vois que je ne suis pas le seul à avoir voulu profiter du soleil! », fit-il, d’une voix qu’il espérait enjouée.
William était maintenant arrivé aux côtés de Mary et c’est à ce moment qu’il remarqua que la jeune fille avait pleuré. En soupirant intérieurement et en se demandant pourquoi il n’était pas plutôt retourné dans la chambre – c’est qu’il ne savait jamais comment réagir face à une femme en larmes – William prit son courage à deux mains et dit :
- « Vous n’allez pas bien? Préférez-vous peut-être que je vous laisse seule? Je suis désolé… Je ne voulais pas vous déranger, je ne sais pas ce qu’il m’a pris… », dit-il, visiblement dérouté.